Comment aimer son corps ? Se réconcilier après les troubles alimentaires

Aimer son corps : une question universelle

Beaucoup de personnes se demandent aujourd’hui : comment aimer son corps ?
Cette question n’est pas anodine. Elle reflète souvent un mal-être profond : rejet de soi, honte, parfois même haine de son corps.

Derrière ce rapport difficile au corps se cachent parfois des troubles alimentaires (anorexie, boulimie, hyperphagie), des addictions ou encore un épuisement physique et psychique.

Dans une société qui glorifie la perfection et compare sans cesse, il est naturel de se sentir en décalage. Pourtant, il existe un autre chemin : celui de la réconciliation, de la douceur et de la présence à soi.

Comprendre nos différentes dimensions

En logothérapie, l’être humain est vu dans toutes ses dimensions :

  • le psychosoma, qui réunit le corps et la psyché,

  • et la dimension noétique ou spirituelle, liée au sens, aux valeurs et à la liberté intérieure.

Ces dimensions sont distinctes mais reliées.
Lorsque nous négligeons le corps, notre équilibre intérieur s’appauvrit. Lorsque nous le rejetons, c’est une part plus profonde de nous-mêmes qui souffre.

Aimer son corps, c’est donc reconnaître son rôle essentiel dans notre existence, et lui offrir la même attention que nous donnons à notre esprit et à notre vie intérieure.

Quand la société déforme notre rapport au corps

Notre lien au corps n’est pas uniquement intime. Il est aussi influencé par l’époque dans laquelle nous vivons.

  • Les réseaux sociaux et la publicité imposent des images irréalistes de beauté.

  • La culture de la performance transforme le corps en objet à optimiser.

  • Le culte de la jeunesse et de l’apparence alimente culpabilité et honte.

Le philosophe Byung-Chul Han parle d’une « société de la performance ». Viktor Frankl, fondateur de la logothérapie, évoquait la névrose sociogène : une souffrance qui ne naît pas seulement de notre histoire personnelle, mais de la pression sociale. Ce climat entretient une relation désordonnée avec soi-même : comparaisons incessantes, sentiment d’échec, auto-agressions. Aimer son corps suppose donc aussi de prendre conscience de ce poids collectif et d’oser s’en libérer.

Le temps, un allié précieux

Notre époque valorise l’immédiateté : changer vite, obtenir des résultats rapides, transformer son corps en quelques semaines.

Mais aimer son corps est un processus lent.
C’est une relation qui se construit dans la durée, par des petits gestes du quotidien :

  • un repas pris sans culpabilité,

  • une marche attentive,

  • quelques minutes de respiration consciente,

  • un regard bienveillant devant le miroir.

Chaque pas compte. Le temps devient un allié, pas un obstacle.

Sortir des comparaisons pour revenir à soi

La comparaison est une source majeure de souffrance. Les réseaux sociaux, en particulier, nous confrontent à des corps mis en scène, souvent retouchés, qui nourrissent le rejet de soi.

Pourtant, chaque corps a une histoire unique : blessures, héritages, rythme, besoins particuliers.
Aimer son corps, c’est apprendre à l’écouter dans sa singularité, au lieu de le mesurer à des standards extérieurs. Pour ce faire, il est important d’opérer un retour à soi, ou en d’autres termes, de se retourner vers soi. L’extérieur perd alors son importance et son influence.

Retrouver la connexion grâce à la pleine conscience

La pleine conscience est une voie douce et accessible pour recréer du lien avec son corps. Elle consiste à l’habiter plutôt qu’à le juger et à apprendre à prendre le temps.

Voici quelques exemples de pratiques simples :

  • respirer consciemment quelques minutes, éventuellement en fermant les yeux (fermer les yeux permet de se tourner vers soi),

  • observer ses sensations corporelles sans jugement (pratique du scan corporel),

  • marcher lentement, en portant attention aux appuis, à nos sensations,

  • ou bouger intuitivement, en suivant ses élans intérieurs (danser, bouger dans votre style et votre besoin).

Ces gestes simples ramènent au présent. Peu à peu, le corps cesse d’être un ennemi pour redevenir un allié.

Quand le rejet devient haine : TCA, addictions et rejet de soi

Certaines personnes vivent un rapport encore plus douloureux à leur corps.

  • Dans les troubles alimentaires (anorexie, boulimie, hyperphagie), le corps devient le champ de bataille de la haine de soi.

  • Dans les addictions (alcool, drogues, sport compulsif, surmenage), il est nié ou instrumentalisé.

Ces comportements traduisent souvent une colère profonde, une culpabilité liée à l’existence même. Le corps est pris comme cible, comme ennemi.

Mais il est essentiel de se rappeler : personne n’est condamné à se détester. Même après des années de lutte, une réconciliation reste possible.

La logothérapie : retrouver du sens, se reconnecter à soi

La logothérapie peut être une ressource précieuse pour réapprendre à aimer son corps.
Elle ne se limite pas à traiter des symptômes : elle aide à retrouver un sens profond à sa vie.

En accompagnement, le travail se fait sur plusieurs niveaux :

  • se libérer des injonctions sociales et des déterminismes,

  • découvrir ses valeurs profondes et singulières,

  • accueillir son histoire et se réconcilier avec elle,

  • réorienter sa vie vers ce qui fait sens aujourd’hui et demain.

Quand une personne retrouve le sens de son existence, son rapport au corps change naturellement. Le corps n’est plus une cible à punir ou un objet à contrôler, mais un compagnon de route, digne de respect et d’écoute.

Aimer son corps au quotidien : cultiver une amitié intérieure

Aimer son corps, c’est apprendre à être son ami. Cela peut passer par :

  • répondre à ses besoins réels (repos, nourriture adaptée, mouvement doux),

  • pratiquer la gratitude envers ce qu’il permet chaque jour,

  • adoucir son discours intérieur,

  • oser le regarder avec bienveillance.

Comme toute relation, celle avec soi-même demande de la fidélité, de la patience et de la tendresse.

Conclusion : une autre saveur de la vie

Aimer son corps ne signifie pas atteindre un idéal. C’est tisser, pas à pas, une relation de respect et de douceur.

Même si vous vivez aujourd’hui le rejet de soi, la haine de votre corps, la boulimie ou d’autres souffrances, rappelez-vous : vous n’êtes pas condamné. La réconciliation est possible.

Et lorsqu’elle advient, la vie prend une toute autre saveur : plus pleine, plus douce, plus libre.

Si vous souhaitez être accompagné·e pour retrouver une relation apaisée avec votre corps et explorer vos ressources intérieures, prenez rendez-vous pour une séance de logothérapie.

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