Boulimie vomitive, s’en sortir avec la logothérapie.

⚠️ Cet article a été rédigé à partir du témoignage de l’une de mes patientes, Lou (son nom a été changé).
Lou a suivi une logothérapie pendant un an et demi, en parallèle d’un suivi médical.
Son témoignage met des mots sur la réalité silencieuse de nombreuses personnes vivant avec un trouble du comportement alimentaire.

Témoignage : Lou, boulimique vomitive depuis son adolescence

J’avais l’impression que quelque chose de plus fort que moi se jouait à l’intérieur.
Une force que je ne parvenais pas à maîtriser.
C’était un cercle sans fin : trop plein d’émotions, crise, culpabilité, dégoût… puis à nouveau la crise.
Tout recommençait, inlassablement.
C’était presque devenu une habitude.
Et je pensais que je ne m’en sortirais jamais.

J’ai vécu avec la boulimie pendant près de vingt ans — plus de la moitié de ma vie.
Au fil du temps, je n’en pouvais plus.
Au-delà de détruire mon corps à petit feu, la boulimie me paralysait dans tant d’aspects de mon existence.
Je ne réalisais pas à quel point je me détestais, à quel point j’étais violente envers moi-même, à quel point je me punissais.

Je gardais tout cela secret.
Je jouais à être une femme épanouie.
J’ai tellement fait semblant… tellement souffert dans le silence.
Au fond, tout ce que je voulais, c’était être vue, être écoutée, être comprise.
Je voulais qu’on me protège, qu’on m’enveloppe, qu’on m’aime.

J’avais un immense besoin de douceur, mais j’étais incapable de m’en donner, ni même d’en recevoir.
Seule la nourriture m’en offrait un semblant — un réconfort fugace, un refuge que je connaissais bien.

Il y a beaucoup de tristesse dans la boulimie.
Beaucoup de solitude aussi.
C’est un enfant qui pleure à l’intérieur, un enfant que personne ne vient consoler.

Comment la logothérapie peut aider la boulimie

En logothérapie, on part toujours de ce que la personne vit.
On ne cherche pas à la “corriger” ni à modifier ses comportements : le but n’est pas de changer qui elle est, mais de l’aider à se rencontrer elle-même.

La logothérapie vient soutenir un suivi médical, et non le remplacer.
Elle agit sur un autre plan : celui du sens, de la liberté intérieure et de la responsabilité face à la vie.

En logothérapie, chaque accompagnement est unique. Avec Lou, le travail s’est construit pas à pas autour de plusieurs axes essentiels :

  1. Les ressources
    La première étape a consisté à identifier une ressource vers laquelle Lou pouvait se tourner en cas de besoin — une chose rien qu’à elle : ce peut-être un lieu, un souvenir, une activité,… Cet exercice spécifique de la logothérapie s’appelle le logoancrage. Très puissant, il permet de faire de la ressource un point d’appui, un fragment de confiance qui accompagne tout au long du processus. Par la suite, d’autres ressources émergent naturellement.

  2. Les valeurs
    Ensemble, nous avons revisité son histoire pour faire émerger ses valeurs profondes : ce qui compte vraiment pour elle, ce qui donne de la saveur et de la direction à son existence.

  3. Les orientations de sens
    À partir de ces valeurs et de son vécu, nous avons exploré les orientations de sens : comment Lou trouve-t-elle du sens dans sa vie, à travers ce qu’elle crée, ce qu’elle vit, et ce qu’elle traverse ? (voir l’article sur les trois voies du sens)

  4. L’attitude face à la souffrance
    En travaillant sur sa manière de se positionner face à la boulimie et à la douleur, Lou a pu peu à peu diminuer la culpabilité, apaiser la honte, et reconstruire son estime d’elle-même.
    Elle a appris à ne plus se définir par sa souffrance, mais par la manière dont elle choisit d’y répondre.

  5. La mise en action
    Enfin, Lou a élaboré un projet qui lui tenait à coeur.
    Agir, même modestement, permet de reprendre sa place dans le monde, de sentir à nouveau qu’on compte, qu’on agit sur sa vie.

Tout ce travail a permis à Lou d’apprendre à se connaître sans chercher à éliminer la boulimie.
Les crises ont été évoquées, bien sûr, mais sans en faire le centre du travail.
L’attention s’est portée sur Lou, sur la personne qu’elle est — avec ses valeurs, son histoire, sa beauté et sa capacité à créer du sens malgré la douleur.

En redonnant la parole, en brisant le silence, en réparant et en réconciliant, Lou a retrouvé peu à peu sa place, sa dignité, sa confiance.
Et naturellement, l’amour d’elle-même s’est reconstruit.
Et les crises ont diminué.

Pour conclure

Aimer son corps, se réconcilier avec lui, ne signifie pas atteindre un idéal.
C’est un processus fait de respect, de douceur et de patience.
Même si vous vivez aujourd’hui la boulimie ou d’autres troubles, rappelez-vous :
vous n’êtes pas condamné.
La guérison, ou plutôt la réconciliation, est possible.

Besoin d’en parler ?

Si vous traversez une période difficile, si vous souffrez d’un trouble alimentaire ou que vous souhaitez retrouver un rapport plus apaisé à vous-même, contactez-moi. Nous pourrons ensemble redonner du sens à ce que vous vivez et tracer le chemin vers plus de liberté intérieure.

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