Comment gérer un conflit et oser s’exprimer ?
Apprendre à s’exprimer, c’est aussi apprendre à se rencontrer soi-même. Entre le silence et la parole, il existe un espace d’équilibre où la vérité peut se dire sans peur ni violence.
Comment s’exprimer et pourquoi est-ce si important ?
Comment s’exprimer, et pourquoi est-ce si important ? Comment dialoguer, même dans le conflit ?
Faut-il parfois rester dans le silence ? Ou au contraire, oser parler ?
Comment faire face à ce qui se dit en nous, quand notre environnement n’est pas favorable à l’expression authentique ?
Et surtout : comment s’exprimer quand, depuis l’enfance, on a appris que parler avec le cœur pouvait mener au rejet ?
Sommes-nous légitimes à ressentir, à dire, à exister à travers nos émotions ?
Et que se passe-t-il quand nous ne parlons pas ?
C’est ce que nous allons explorer dans cet article.
1. Pourquoi est-il si difficile de parler de soi ?
Beaucoup d’entre nous ont déjà vécu le rejet en exprimant leurs émotions. On nous a parfois fait comprendre qu’elles étaient « trop », « fausses » ou « injustifiées ». Résultat : nous avons appris à les taire.
Ce conditionnement crée un schéma psychique bien connu : m’exprimer, c’est prendre le risque d’être rejeté(e). Peu à peu, la confiance en soi s’effrite. Le conflit devient une épreuve douloureuse : on s’embrouille, on doute, on se replie, jusqu’à ne plus oser affirmer sa vérité.
2. La société du non-dit et la peur d’être jugé
Notre société valorise souvent le contrôle émotionnel. S’exprimer, c’est risquer d’être jugé(e) comme égoïste ou non bienveillant(e). Les injonctions à la communication « non violente » sont nécessaires, mais parfois elles deviennent une nouvelle forme de censure.
À force de vouloir être parfaits dans nos mots, nous n’osons plus parler. Nous ravalons, nous effaçons, nous acceptons l’inacceptable — souvent en pleine conscience.
Pourtant, dans d’autres cultures, la parole reste un pilier. Chez certains peuples africains, par exemple, des cercles de parole sont organisés pour restaurer le lien après un conflit. Et si nous réinventions, nous aussi, des espaces de dialogue ?
3. Quand le silence fait mal : rumination et blocages intérieurs
Lorsque nous nous retenons de parler, le mental cherche une issue. Et faute de mots, il tourne en boucle : c’est la rumination. Nous passons des jours à rejouer la scène, à ruminer la colère ou la tristesse non dite.
Avec le temps, ces non-dits se figent dans le corps. Ils créent des tensions, des douleurs, parfois même des maladies. Comme si nos silences formaient des zones de blocage où l’énergie ne circule plus.
Sommes-nous vraiment prêts à nous rendre malades plutôt qu’à nous dire ? À quel moment avons-nous cessé de parler ? Et quelle part notre société joue-t-elle là-dedans ?
4. La logothérapie et la douleur du non-dit
En logothérapie, il ne s’agit pas de changer les situations mais d’y répondre avec dignité et sens. De rester fidèle à nos valeurs, même dans la douleur.
Les peuples amérindiens ont une belle expression : marcher sa parole. Elle illustre parfaitement cette démarche : ne pas seulement dire, mais vivre ce que l’on dit. Agir en accord avec soi-même, même quand c’est difficile.
Face au conflit ou au silence, demandons-nous :
Qu’est-ce qui me permettrait d’être aligné(e) à mes valeurs profondes ? Est-ce de taire ou d’exprimer ? De me retirer ou de dire ma vérité ?
Il n’y a pas de bonne réponse, seulement des valeurs personnelles à observer avec lucidité.
5. Deux outils concrets de la logothérapie pour mieux s’exprimer
La logothérapie propose des méthodes concrètes comme la logodélibération et la logonégociation. Le logothérapeute y joue un rôle de médiateur, guidant les personnes en désaccord vers un consensus fondé sur leurs valeurs respectives.
Si vous êtes seul(e), voici un exercice inspiré de cette approche :
Prenez de la hauteur — visualisez la situation comme un oiseau qui l’observe d’en haut. Cela permet de se distancier de la situation en question et des enjeux forts qu’elle peut impliquer ;
Identifiez vos valeurs impactées — lesquelles ne sont pas respectées ?
Imaginez la situation idéale — que se passerait-il si la situation se réglait parfaitement pour vous ? Que ressentiriez-vous ? Que penseriez-vous alors ?
Clarifiez vos responsabilités — qu’est-ce qui, dans la situation en question, dépend de vous ? Et qu’est-ce qui ne dépend pas de vous ?
Cherchez l’apaisement — comment pourriez-vous agir pour rester fidèle à vos valeurs tout en respectant l’autre ?
Enfin, osez poser un acte — même minime, mais cohérent avec vous-même.
Ainsi, pas à pas, vous pouvez marcher votre parole.
6. Être soi-même, c’est être courageux
S’affirmer demande du courage. C’est accepter de se regarder en face, d’assumer ses responsabilités, de reconnaître ses erreurs parfois.
Être soi-même, c’est aussi savoir lâcher — mettre fin à une relation, à une situation, ou à un schéma qui ne nous respecte plus.
C’est un chemin de discernement et d’honnêteté, mais aussi de liberté.
Conclusion : retrouver le courage de se dire
Nous passons une grande partie de notre vie à retenir des mots qui auraient pu libérer. Mais la parole, quand elle vient du cœur, ne détruit pas : elle relie. Elle répare. Elle ouvre un espace où l’on peut être soi, sans masque ni peur.
Et vous, quelle place laissez-vous à votre parole intérieure ?
Nous pouvons en discuter ensemble en séance, n’hésitez pas à me contacter pour prendre rendez-vous.