Je souffre donc je créer : trouver un sens à la souffrance.
Il existe mille formes de souffrances :
les blessures invisibles d’un deuil,
la traversée d’une maladie,
la fatigue profonde de la dépression,
la sidération du burn-out,
l’épuisement du corps ou du cœur.
Quelles qu’elles soient, elles semblent toujours surgir comme une rupture. Elles dérangent, elles inquiètent, elles bousculent l’ordre établi. La souffrance donne parfois l’impression que la vie s’arrête.
Et pourtant… elle peut aussi marquer le commencement.
Quand la souffrance devient une direction
La souffrance, lorsqu’elle s’installe, ne laisse souvent aucune place au reste.
Elle serre, elle pèse, elle occupe les pensées du matin au soir.
Elle s’impose au corps, s’invite dans les gestes les plus simples, modifie la respiration, les routines, le sommeil.
Elle peut redessiner le quotidien, au point que tout semble tourner autour d’elle.
Quand elle devient trop grande, elle finit par changer la manière de regarder le monde.
Ce qui était évident ne l’est plus.
Ce qui était léger devient lourd.
Ce qui semblait clair se trouble.
La souffrance peut nous définir malgré nous, comme si elle apposait son ombre sur notre façon d’être, d’aimer, de travailler, de nous penser. Elle peut devenir un filtre, un rythme, une présence.
Et surtout : elle reste.
Jour après jour, elle ne semble pas vouloir s’effacer.
Elle ne recule pas, ou si peu.
Elle insiste.
Alors une question se pose — discrète, mais nécessaire :
Si elle ne part pas, se pourrait-il qu’elle ait quelque chose à dire ?
Ou, à l’inverse :
Se pourrait-il que j’ai, moi, quelque chose à lui dire ?
Peut-être que cette douleur, si tenace, si envahissante, n’est pas seulement un obstacle.
Peut-être est-elle aussi un signe.
Un langage encore incompris.
Une invitation à arrêter de lutter sans fin pour lui imposer silence — et à commencer à l’écouter, autrement.
La douleur qui insiste n’est pas toujours un verdict.
Elle peut être un appel.
Un signal minuscule, parfois inaudible, qui invite à regarder ailleurs, autrement.
Non pas pour fuir, mais pour comprendre ce qui cherche à naître à travers l’épreuve.
Il y a dans chaque souffrance un mouvement souterrain : quelque chose qui pousse, qui veut se dire, qui veut se transformer.
C’est souvent dans ces instants de rupture que la vie nous demande :
« Et maintenant, qui veux-tu devenir ? »
Marcher dans la forêt sans savoir où l’on va
Descartes évoque le voyageur perdu dans la forêt.
Il ne sait pas quelle direction choisir. Mais il marche. Droit.
Il préfère avancer vers l’inconnu plutôt que de rester immobile dans la confusion.
« Partir, marcher droit, arriver quelque part. Arriver ailleurs plutôt que de ne pas arriver. Arriver où on n’allait pas plutôt que de ne pas arriver. Avant tout arriver. Tout, plutôt que vaguer. Et que la plus grande erreur c’est encore d’errer. »
Cette image dit l’essentiel :
Même si vous ne savez pas encore où vous allez, avancez.
Même si votre vie semble fermée, laissez une fissure s’ouvrir.
Même si la souffrance vous dépasse, faites un pas – le vôtre.
Créer à partir de ce qui fait mal
Créer, ce n’est pas seulement faire une œuvre d’art.
Créer, c’est transformer.
Transformer le deuil en un hommage intérieur.
Transformer la maladie en une manière de mieux habiter son corps.
Transformer la dépression en un rapport plus authentique à soi.
Transformer le burn-out en une autre manière d’être au monde.
Transformer l’épuisement en un appel au respect de ses limites.
Créer, c’est laisser émerger un sens qui dépasse la douleur, mais qui naît d’elle.
La souffrance devient alors un levier.
Une matière brute, souvent douloureuse, mais qui peut se sculpter en quelque chose de beau, de vrai, de plus grand que soi.
Changer de regard : la logothérapie comme chemin
En logothérapie, nous ne cherchons ni à minimiser la souffrance, ni à la glorifier.
Nous la regardons avec une autre question :
« Quel sens cette expérience cherche-t-elle à faire émerger ? »
Ensemble, nous explorons :
ce qui compte profondément pour vous,
vos valeurs,
votre mission personnelle, votre quête
ce qui vous met en mouvement,
ce que votre vie cherche à exprimer à travers ce que vous traversez.
Le rôle du logothérapeute est d’être à vos côtés pour éclairer ce chemin, sans jamais vous imposer une direction.
Il s’agit de rendre visible ce qui, en vous, cherche déjà à se dire.
Car parfois, derrière la souffrance, se cache votre force la plus intime – celle dont vous n’avez pas encore conscience.
La force qui vous met en route, même dans la forêt.
La force qui vous fait avancer, même sans plan.
La force qui transforme ce qui fait mal en une œuvre intérieure.
Pour aller plus loin :
Symboliques et décodage des maladies : une autre vision du soin
Retrouver du sens à travers l’épreuve : comprendre le langage du corps et de la vie
Sens, liberté, responsabilité : les piliers de la logothérapie
Mon accompagnement s’inscrit dans un parcours de soin pluridisciplinaire.
Il vient compléter les suivis médicaux et physiologiques par un travail psychologique, symbolique et existentiel.