Symbolique et décodage des maladies : une autre vision du soin
Depuis toujours, le corps parle. À travers ses douleurs, ses tensions, ses déséquilibres, il cherche à exprimer ce que les mots n’ont pas su dire. Mais que signifie vraiment « écouter son corps » ?
De nombreux auteurs — Jacques Martel, Christian Flèche, Michel Odoul, entre autres — ont exploré l’idée que le symptôme n’est pas une erreur du corps, mais un message. Une invitation à revisiter notre histoire, nos émotions et notre rapport au monde.
Cet article propose d’explorer les fondements symboliques et théoriques de cette approche, à la croisée de la psychosomatique, du décodage biologique et de la lecture symbolique des maladies, tout en replaçant ces regards dans le grand paysage des paradigmes du soin.
Le symptôme, messager du corps
Dans la médecine occidentale moderne, la maladie est souvent perçue comme une défaillance, un dysfonctionnement à réparer. Le symptôme devient alors l’ennemi à faire taire. On cherche à le supprimer, souvent grâce à un traitement chimique efficace, mais sans nécessairement interroger la cause qui a conduit le corps à s’exprimer ainsi.
Cette vision repose sur une logique de lutte : on combat le virus, on neutralise la douleur, on rétablit les constantes. C’est une approche précieuse, surtout dans l’urgence, lorsqu’il faut soulager, réparer, sauver. Mais elle tend à oublier que le symptôme n’est pas toujours une erreur du corps : il peut aussi être un signal, une tentative d’adaptation, un message que quelque chose, en nous ou autour de nous, a perdu son équilibre.
Changer de regard sur la maladie, c’est passer d’une logique de combat à une logique de dialogue. Écouter le symptôme ne signifie pas refuser le soin médical : c’est y ajouter une dimension complémentaire — celle du sens. Le corps n’agit pas contre nous : il communique. Chaque douleur, tension ou déséquilibre devient une invitation à prêter attention à ce qui, en nous, cherche à se dire.
Trois voies de compréhension du lien entre corps et psyché
Depuis plusieurs décennies, de nombreux chercheurs, thérapeutes et médecins explorent les liens subtils entre corps, psyché et émotions. Là où la médecine allopathique s’attache aux causes physiologiques, ces approches cherchent à comprendre le sens de la maladie, ce qu’elle vient révéler d’un vécu intérieur. Parmi elles, trois grandes voies se distinguent : l’analyse psychosomatique, le décodage biologique et la symbolique des maladies.
La psychosomatique : quand le corps parle l’inconscient
Née dans le sillage de la psychanalyse, la psychosomatique relie le corps et la psyché par la voie de l’inconscient. Des auteurs comme Georg Groddeck, Françoise Dolto, Pierre Marty ou Joyce McDougall ont montré que certaines maladies pouvaient être l’expression d’un conflit psychique non symbolisé. Lorsque les émotions ne trouvent pas à se dire par les mots, le corps prend le relais.
Cette approche met en évidence la fonction de langage du corps : le symptôme devient une métaphore, un message que l’inconscient adresse à la conscience.
Le décodage biologique : la maladie comme réponse d’adaptation
Le décodage biologique trouve ses origines dans les travaux du Dr Ryke Geerd Hamer, fondateur de la Médecine Nouvelle Germanique. En 1978, après la mort brutale de son fils, Hamer développe un cancer des testicules. Il fait alors le lien entre sa maladie et le drame vécu : la perte d’un enfant — symbole même de la fonction biologique de reproduction.
En observant de nombreux patients, il émet l’hypothèse que toute maladie serait déclenchée par un conflit émotionnel intense, vécu dans la solitude et la stupeur. Ce conflit, appelé “syndrome de Dirk Hamer” (DHS), activerait une zone spécifique du cerveau, laquelle commanderait une réponse organique adaptée à la nature du conflit. Ainsi, le corps chercherait — inconsciemment — à résoudre biologiquement un problème psychique.
Ces travaux ont ensuite inspiré des thérapeutes comme Claude Sabbah, Gérard Athias, Salomon Sellam et Christian Flèche. Ce dernier parle de “biochoc”, c’est-à-dire d’un choc émotionnel soudain non résolu, vécu dans le silence et l’isolement comme point de départ de la maladie. Selon lui, le symptôme n’est pas une erreur, mais une tentative d’adaptation du corps à une situation émotionnellement ingérable.
Le décodage biologique propose donc de retrouver ce biochoc, de le ressentir en conscience pour redonner du sens à la maladie et amorcer un processus de transformation intérieure.
Le symbolisme des maladies : du message à la métaphore
Le symbolisme des maladies s’appuie sur une vision plus intuitive et métaphorique du corps. Développée par des auteurs comme Jacques Martel (Le Grand dictionnaire des malaises et des maladies) ou Michel Odoul (Dis-moi où tu as mal, je te dirai pourquoi), cette approche considère la maladie comme un langage symbolique universel.
Chaque partie du corps, chaque organe, chaque symptôme possède une fonction et un sens possible, en lien avec des vécus communs à l’humanité. La lecture symbolique invite à reconnaître les résonances entre nos maux et nos émotions : les jambes parlent de notre avancée, la gorge de notre expression, le dos de nos charges, le cœur de l’amour et du lien.
Contrairement au décodage biologique, le symbolisme ne cherche pas un événement déclencheur précis. Il s’attache davantage à l’histoire globale de la personne, à ses schémas de vie, à ce que son corps raconte au fil du temps. C’est une lecture sensible et métaphorique du corps, qui fait appel à l’intuition et à la connaissance de soi.
Ces trois voies — analytique, biologique et symbolique — ne s’opposent pas : elles se complètent et dessinent une cartographie subtile du lien entre corps, psyché et âme. Elles nous rappellent qu’il n’existe pas une seule manière de se soigner, mais autant de chemins que d’expériences humaines.
Les différents paradigmes du soin : vers une médecine du sens
La manière dont nous concevons la santé dépend du paradigme dans lequel nous nous inscrivons. Chaque culture, chaque époque, chaque médecine porte une vision du corps, de la maladie et du soin. Aujourd’hui, plusieurs paradigmes coexistent, parfois en tension, parfois en dialogue. Les connaître permet de situer son propre regard et de choisir la voie qui résonne le plus profondément avec soi.
Le paradigme allopathique : une approche analytique et scientifique du corps
La médecine allopathique, ou médecine conventionnelle occidentale, repose sur une compréhension biologique, chimique et anatomique du corps humain. Elle s’appuie sur la méthode scientifique, l’observation clinique et la recherche expérimentale. Dans ce paradigme, la maladie est perçue comme une altération mesurable d’un organe ou d’une fonction, à laquelle on répond par un traitement ciblé visant à rétablir l’équilibre physiologique.
Cette approche privilégie l’efficacité, la rigueur et la précision. Elle a permis d’innombrables avancées : la vaccination, la chirurgie, les traitements antibiotiques ou les thérapies innovantes contre le cancer. Le soin consiste principalement à neutraliser la cause identifiée ou à soulager le symptôme afin de restaurer la santé observable.
Les médecines orientales : l’art de l’équilibre
Les médecines traditionnelles orientales — comme la médecine chinoise, l’ayurvéda ou les pratiques chamaniques — reposent sur une autre philosophie. Ici, corps, psychisme et esprit forment un tout indissociable. La maladie n’est pas un ennemi : c’est un déséquilibre du vivant, un appel à retrouver l’harmonie entre les énergies, les organes, les émotions et l’environnement.
Ces approches invitent à considérer la santé non pas comme une absence de symptômes, mais comme un état de justesse et d’unité intérieure.
Le paradigme holistique : la complémentarité
Entre ces deux visions — l’une scientifique, l’autre énergétique — se développe aujourd’hui une approche holistique du soin. Elle ne rejette ni la médecine ni la spiritualité, mais cherche à réunir les disciplines pour accompagner la personne dans toutes ses dimensions : physique, émotionnelle, psychique, symbolique et spirituelle.
Dans cette perspective, la maladie devient multifactorielle : elle résulte d’un tissage de causes physiques, émotionnelles, environnementales et parfois transgénérationnelles. Se soigner, c’est travailler sur plusieurs plans à la fois, en associant thérapeutes, médecins, psychologues, praticiens énergétiques ou symboliques. Chaque approche éclaire une facette du vivant, et leur complémentarité redonne du sens à la guérison.
Vers une médecine du sens
C’est dans cette ouverture qu’émerge ce qu’on peut appeler la médecine du sens — celle qui cherche non seulement à soigner le corps, mais à comprendre ce que la maladie veut dire. Elle s’inspire de la logothérapie de Viktor Frankl, qui invite à trouver du sens dans la souffrance, et des courants symboliques ou psychocorporels qui voient dans le symptôme une forme d’expression.
La médecine du sens ne remplace pas les autres : elle les relie. Elle invite à écouter le message du corps, à interroger nos émotions, nos croyances et nos choix de vie. Elle rappelle que la santé n’est pas seulement une affaire de biologie, mais aussi de conscience.
Se tourner vers une médecine du sens, c’est choisir d’être acteur de sa santé : accueillir le symptôme non comme une faute, mais comme une boussole, un guide vers soi.
Redonner du sens au corps vivant
Explorer le lien entre corps et psyché, c’est changer de regard sur la santé. La maladie n’est plus seulement un dérèglement à réparer, mais un langage à écouter, une invitation à mieux se connaître. Chaque symptôme devient un dialogue entre conscience et matière — entre ce que nous vivons, ressentons et ce que notre corps exprime.
Aucune approche n’a toutes les réponses : chacune éclaire un aspect du vivant. La médecine du sens ne rejette rien ; elle cherche à tisser. Elle reconnaît la valeur de la science, la sagesse des traditions, la force du symbole et la responsabilité individuelle dans le chemin de guérison.
Apprendre à écouter son corps, c’est aussi apprendre à se faire confiance. La santé ne se limite pas à l’absence de symptômes, mais à l’accord profond entre corps, cœur et esprit. Dans un monde où tout va vite, cette écoute devient un acte de présence — une manière de revenir à soi, au vivant, à ce qui fait sens.
Pour aller plus loin :
Décoder un symptôme : écouter son corps pour donner du sens à sa vie
Symbolismes de la sclérose en plaque
Retrouver du sens à travers l’épreuve : comprendre le langage du corps et de la vie
Mon accompagnement s’inscrit dans un parcours de soin pluridisciplinaire.
Il vient compléter les suivis médicaux et physiologiques par un travail psychologique, symbolique et existentiel.