Quand l’annonce d’une maladie devient un point de départ : une lecture logothérapeutique.
Les premiers symptômes
Quand le premier symptôme est apparu, je vivais à Bombay. J’observais depuis plusieurs semaines un flou visuel que je pensais bénin, mais qui s’avéra être une névrite optique, l’un des premiers signes de la sclérose en plaques. J’ai été immédiatement hospitalisée dans un grand hôpital de la ville, où, durant deux semaines, je fus soumise à des examens quotidiens et à des traitements lourds. Aucun diagnostic n’était encore posé.
Commentaire I
Je me trouvais seule, à 8 000 km de mes origines, plongée dans un environnement médical où ni l’anglais ni l’hindi n’étaient ma langue maternelle. Je vivais donc un double exil : loin de ma terre, et loin des mots. Pendant ces deux semaines, je fus confrontée à une angoisse existentielle universelle : la peur de la mort — et plus encore, la peur de mourir seule.
Le diagnostique
Quelques mois plus tard, après de nouveaux symptômes et une grande fatigue, je décidai de rentrer en France. Sur mes terres, dans ma langue, le diagnostic tomba : sclérose en plaques. J’avais 28 ans. Je me sentis scindée en deux : une partie de moi s’effondra devant la peur de la mort, tandis qu’une autre, étrangement calme, resta convaincue que tout irait bien.
Commentaire II
Durant une année entière, j’ai pleuré régulièrement, incapable d’accepter ce diagnostic. En parallèle, je me suis lancée dans des recherches poussées sur la sclérose en plaques, sur les maladies auto-immunes, sur le système immunitaire et sur toutes les pistes possibles pour améliorer ma santé. J’étais effondrée, et pourtant déjà en mouvement. Ici s’esquissait une prise de distance intérieure : je ne me réduisais plus seulement à mon rôle de “patiente”, je commençais à chercher ma propre manière de répondre à ce qui m’arrivait.
Le choix
Naturellement, j’ai compris peu à peu qu’un diagnostic, aussi brutal soit-il, n’est pas une fatalité. Il nous confronte à la réalité de notre condition humaine et nous place face à un choix : laisser la maladie nous définir ou en faire un levier pour reprendre notre vie en main.
Commentaire III
C’est dans ce choix que réside la liberté intérieure. Non pas la liberté d’effacer la maladie, mais celle de reprendre sa vie en main, de l’orienter autrement, et de continuer à vivre avec une conscience plus profonde. La maladie m’avait confrontée à ma mort, mais c’est de cette confrontation qu’est née une nouvelle orientation vers la vie.
De l’épreuve à la liberté intérieure
Avec le recul, je comprends que ce diagnostic a marqué en moi l’éveil de ma dimension noétique. À cette époque, je ne connaissais pas encore la logothérapie. Pourtant, je vivais déjà, sans le savoir, l’essentiel de ce qu’elle décrit : la capacité d’auto-distanciation face à l’épreuve, puis le choix assumé de prendre mes responsabilités. En m’investissant avec conscience dans la prise en main de ma santé, j’ai retrouvé une forme de liberté intérieure, celle de ne pas me laisser réduire à la maladie mais de décider de ma manière d’y répondre.
Ce témoignage n’a rien d’un dogme à suivre. Le parcours de maladie est profondément personnel, chacun le traverse à sa manière et selon son propre rythme. Ce que je propose ici n’est qu’une perspective différente, née de mon expérience, et offerte comme une ouverture pour le lecteur : celle de découvrir, peut-être, à travers la logothérapie, une autre manière d’envisager l’existence et le sens, même au cœur de la souffrance.
Information importante : la logothérapie ne se substitue pas au suivi médical, elle l’accompagne.